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Ain-Bessem. La mal-vie au quotidien à Ain El Hdjar

Au fil des années, rien ou presque n’a changé et la réalité de cette bourgade devient de plus en plus amère et sans espoir.

Relevant de la daïra d’Aïn Bessem et distante à peine de 10 kilomètres du chef-lieu de la wilaya, Aïn El Hadjar, une commune située à l’ouest de Bouira, semble entièrement détachée du reste du monde. De part et d’autre de la RN18 reliant le chef-lieu de wilaya à la ville d’Aïn Bessem, on ne voit que de vieilles bâtisses, constructions délabrées et des bidonvilles. Son emplacement sur cet important axe routier, qui mène vers la ville d’Aïn Bessem et plus loin, à Berrouaghia dans la wilaya de Médéa, n’a eu, hélas, aucun effet positif pour son développement et son épanouissement sur tous les plans. Pour ainsi dire, sa situation géographique des plus envieuses ne l’a pas beaucoup aidée, voire ne lui a pas servi à grand-chose pour lui permettre d’accéder au rang des grandes communes, à l’image des autres localités de même envergure et jouissant du même statut. En effet, de par le trafic que connaît quotidiennement la RN18, l’une des plus fréquentées qui relie Bouira à plusieurs autres wilayas limitrophes telles que Médéa, M’Sila et Aïn Defla, et le nombre considérable de personnes en visite ou de passage à Ain-El-Hadjar, cette agglomération était censée devenir un grand centre urbain, voire même un carrefour en matière de commerce, de culture et d’échanges. Mais au fil des années, rien ou presque n’a changé et la réalité de cette bourgade devient de plus en plus amère et sans espoir. D’ailleurs, les étrangers qui empruntent cette route n’éprouvent aucun besoin de s’arrêter ou de garer leur véhicule, histoire pour s’approvisionner en nourriture ou en boissons fraîches.
Le village n’attire pas et ses commerces ouverts récemment n’affichent pas grand-chose du reste. En matière de développement, il faut souligner que cette commune accuse un retard considérables notamment en terme, d’équipements et d’infrastructures publics. En dehors du siège de l’APC, d’un collège, de l’unique mosquée, d’un bureau de poste datant de l’ère coloniale et deux ou trois immeubles d’habitation nouvellement érigés, la localité n’a absolument rien d’autre à offrir. Oh! si, il y a également un stade communal en tuf sur le bas-côté de la route, sans gradins, ni autre infrastructure allant avec. Et enfin, il ne faut pas omettre de citer le grand terrain vague situé sur la même ligne qui accueille chaque mercredi le marché des voitures. La bourgade ne possède même pas de centre de santé où les citoyens peuvent se soigner.
L’unique centre qui existait avant les années sanglantes du terrorisme a été confié aux groupes de légitime défense (GLD) qui s’y trouvent toujours. Cela étant, et comparativement aux autres collectivités locales bénéficiant du statut de chef-lieu de commune et issues du même découpage administratif, Aïn El Hadjar n’a pas réussi à se soustraire de sa configuration archaïque et son mode de vie dépassé et datant du lendemain de l’indépendance. Et bien que traversée par une voie très fréquentée où, à longueur de journée, règne une ambiance bon enfant en raison de ses multiples commerces, dynamique qui ne semble pas concerner cette localité qui donne une incroyable impression d’isolement et baignant même dans sa léthargie. Le déficit en foncier public est un autre handicap pour la municipalité de Aïn El Hadjar qui n’arrive pas à dégager de terrain ou une quelconque parcelle pour la réalisation de nouveaux édifices ou équipements publics.
La construction d’un immeuble d’habitation afin de répondre un tant soit peu au nombre en perpétuelle croissance des demandeurs de logement, contraint l’APC à grignoter par-ci, par-là sur la bordure de la route où peu d’espace reste à couvrir. Sur son territoire, la commune possède des terrains domaniaux en nombre suffisant mais qui servent de terrains d’assiette à des habitations précaires et des constructions illicites et dont les bénéficiaires ne possèdent aucun document d’acquisition ou acte de propriété.
Au même titre que beaucoup d’autres, ce genre de problème se pose pour les familles habitant tout au long de la route qui traverse la bourgade. Parmi elles, l’on dénombre sept familles vivant en communauté et dans des conditions précaires, au quartier Bengharabi Zohra. Celles-ci ne demandent qu’à être relogées dans des logements sociaux.
De son côté, la commune éprouve tout le mal du monde à répondre positivement à toutes les demandes de logement formulées dans le cadre du social. Initiée, il y a quelques années de cela, la formule LSP n’a pas trouvé preneur. Peu de gens sont des salariés, la majorité des citoyens sont pauvres et sans grandes ressources vivant de l’agriculture et de petits métiers. Comme partout ailleurs, à Aïn El Hadjar, le chômage bat son plein et le désoeuvrement fait subir les pires tourments aux jeunes et aux moins jeunes qui n’ont d’autre lieu où aller que de s’engouffrer dans le seul café qui existe quand ils ne sont pas face à la télévision.
Les week-ends, les jeunes peuvent prétendre à un semblant de changement s’il y a une équipe visiteuse qui vient affronter l’équipe locale ou en cas de programmation de rencontres inter-quartiers. Dans les deux cas, les jeunes et même les enfants sont sûrs de passer d’agréables moments en compagnie du ballon rond et de ses adeptes. Pour échapper à la morosité qui gangrène leur patelin, les habitants de Aïn El Hadjar animés sans doute par le désir de se retrouver dans une grande ville et aussi pour vaquer nécessairement à d’autres besoins, prennent chaque matin le transport public pour descendre cinq minutes après dans le centre-ville de Bouira. Ce geste est devenu presque machinal pour de nombreux habitants et notamment les jeunes de cette bourgade qui préfèrent passer toute leur journée dans le chef-lieu de la wilaya et ne rentrer qu’à la nuit tombante.
Ainsi, le nombre de plus en plus important de personnes qui prennent chaque matin les fourgons du transport public, a créé une crise en matière de transport.
En effet, aux étudiants, lycéens, travailleurs et aux autres citoyens ayant de solides motifs les obligeant à se rendre dans la ville de Bouira, se mêle une autre catégorie de citoyens formée essentiellement de jeunes désoeuvrés. Et, chaque jour que Dieu fait, tout ce beau monde se bouscule et joue du coude pour avoir une place dans le fourgon qui devra les mener vers la grande ville, symbole d’anonymat, de modernité, de culture et de toutes les belles choses qui emplissent la tête de chaque passager et manquent cruellement dans leur village d’adoption.

L'expression > 29/07/07 > A. SEBAÂ

 

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